Par Gillossen, le 30/10/2007 à 18:24 sur Elbakin.net
Le 30 octobre a bien été la journée d'une annonce d'importance du côté de Christopher Paolini. Mais pas de nouvelles directes du tome 3 de sa trilogie ! Pour la bonne et simple raison... que ça n'en est plus une !
C'est l'éditeur Alfred A. Knopf qui l'a annoncé, avec des propos de Paolini lui-même pour parfaire cette dépêche. « J'ai inventé la série de l'Héritage comme une trilogie il y a neuf ans de cela, quand j'avais 15 ans. A ce moment-là, je n'aurais jamais imaginé écrire les trois romans, et encore moins qu'ils seraient publiés », a-t-il déclaré (et nous avec...). « Quand j'ai finalement creusé le troisième tome, il est rapidement devenu évident que ce qui restait de l'histoire était beaucoup trop important pour rentrer dans un seul volume. Afin de rester loyal à mes personnages et d'aborder les points de scénario et les questions sans réponse apparus dans les deux premiers tomes, j'ai eu besoin de séparer la fin de la série en deux romans. »
Le tome 3 sortira le 20 septembre 2008 en anglais et aura pour titre " Brisingr " ( - FEU - en langage ancien, c'est d'ailleurs la première incantation magique que fait Éragon dans le tome 1)
Il sortira en français soit fin janvier 2009, soit courant février 2009. Voici un extrait :
Éragon 3
Lumière et ombre
(Un extrait du 3ème chapitre du 3ème livre de la trilogie de l’Héritage)
Saphira pétrissait la terre sous ses pattes. Partons. Laissant leurs sacs et des réserves suspendues à la branche d’un genévrier, Éragon et Roran grimpèrent sur le dos de Saphira. Ils ne prirent pas le temps de la seller : elle avait gardé sa selle pendant la nuit. Le cuir façonné sous Éragon était chaud, presque trop. Il se cramponnait au pic de l’encolure devant lui – pour se stabiliser pendant les brusques changements de direction – alors que Roran entourait d’un bras fort la taille d’Éragon et de l’autre brandissait son marteau. Un morceau de schiste argileux céda sous le poids de Saphira, tandis qu’elle se posait dans un long atterrissage et, à ce moment là, d’un seul bond vertigineux, bondit au bord du ravin, où pendant un instant, elle se maintint en équilibre avant de déployer ses ailes immenses. Les fines membranes de Saphira se frottaient, alors qu’elle les levait vers le ciel. Verticales, on aurait dit deux voiles bleues translucides.
« __ Pas si serré, grogna Éragon.
__ Désolé, dit Roran, qui relâcha son étreinte. »
D’autres paroles devinrent impossibles, lorsque Saphira fit un autre saut.
Au moment où elle atteignait la fin de son bond, elle rabattit ses ailes d’un puissant « Zoom », les emmenant encore plus haut. De chaque battement successif, ils montaient de plus en plus près des nuages plats et étroits, qui s’étendaient d’ouest en est. Alors que Saphira était tourné en direction de Helgrind, Éragon jeta un coup d’œil à sa gauche et découvrit qu’avec leur altitude, il pouvait voir le lac Leona à plusieurs miles de là. Dans l’aube rougeoyante, une épaisse couche de brume, grise et spectrale, émanait de l’eau, comme si un feu magique brûlait à la surface du liquide. Malgré sa vision de faucon, Éragon ne parvenait pas à apercevoir le lointain rivage ni au delà de la Crête, qu’il regrettait tant. Il n’avait pas posé les yeux sur les montagnes de son enfance, depuis son départ de la vallée de Palancar.
Au nord se trouvait Dras Leona, une immensité, une masse tortueuse qui apparaissait comme une silhouette contre le mur de brume bordant son flanc ouest. La seule construction qu’Éragon identifia, était la cathédrale où les Ra’zacs l’avaient attaqué : sa flèche menaçait tout le reste de la ville, tel une lance de fer.
N’importe où dans le paysage, le passé se bousculait, Éragon savait qu’ici se tenaient les restes du campement où les Ra’zacs avaient tué Brom. Il s’empêcha d’éprouver de la peur et du chagrin sur les évènements de ce jour, - aussi bien que sur le meurtre de Garrow et la destruction de leur ferme - pour se donner le courage, non, le désire d’affronter les Ra’zacs.
__ Éragon, dit Saphira. Aujourd’hui nous n’avons pas besoin de protéger nos esprits et de garder nos pensées secrètes l’un de l’autre ?
__ À moins qu’un autre magicien apparaisse.
Un éventail de lumière doré s’élargissait dans l’existence : le soleil franchissait l’horizon. En un instant, le spectre de couleurs égaya le monde auparavant terne : la brume brilla de blanc, l’eau devint d’un riche bleu, la muraille qui encerclait le centre de Dras Leona révéla un aspect jaune sali ; les arbres se revêtaient chacun d’une ombre verte et la terre devenait rouge orangé. Pourtant, Helgrind restait toujours noir. La montagne de pierre devenait de plus en plus large au fur et à mesure qu’ils s’approchaient. Descendant en piqué vers la base de Helgrind, Saphira se penchait tellement à droite, qu’Éragon et Roran seraient tombés, s’ils n’avaient pas accroché leurs jambes à la selle. Puis elle contourna rapidement l’éboulis et survola l’autel où les prêtres de Helgrind célébraient leurs cérémonies. Le vent s’insinua sous la visière du casque d’Éragon et produisit un mugissement qui le rendit presque sourd.
« __ Alors ? Lança Roran qui ne pouvait pas voir devant eux.
__ Les esclaves sont partis ! »
Un poids important sembla enfoncer Éragon dans sa selle au moment où Saphira se redressa et monta en vrille autour de Helgrind à la recherche d’une entrée pour la cachette des Ra’zacs. Pas même une brèche assez grande pour un rat, déclara t’elle. Elle ralentit et s’arrêta devant une crête que liait le troisième et plus bas des quatre pics au sommet. L’appui irrégulier amplifiait le bruit produit pas chaque battement de ses ailes, jusqu’à ce que ce soit aussi fort qu’un coup de tonnerre. L’air qui fouettait la peau d’Éragon, fît larmoyer ses yeux. Une toile de veines blanches ornait l’arrière des rochers et des piliers, où du givre s’était accumulé dans les fissures qui sillonnaient la roche. Rien d’autre ne perturbait l’obscurité de Helgrind, noir comme de l’encre, le vent balayant les remparts. Aucun arbre ne poussait ici parmi les pierres penchées, ni d’arbuste, ni d’herbe, ni de mousse, ni de lichen, aucun aigle n’osait nicher sur les rebords édentés de la tour. Fidèle à son nom, Helgrind était un lieu de mort et se tenait caché dans les plis raides de ses escarpements et crevasses, comme un spectre squelettique ressuscitant pour hanter la terre.
Élargissant son esprit à l’extérieur, Éragon confirma la présence d’un des esclaves, aussi bien que des deux personnes qu’il avait découvert emprisonné à l’intérieur de Helgrind le jour d’avant, mais à son mécontentement , il ne pouvait pas localiser les Ra’zacs ou les Lethrblaka. S’ils ne sont pas ici, alors où ? Se demandait-il. Cherchant encore, il nota quelque chose qui lui avait auparavant échappé : une unique fleur, une gentiane fleurie, à même pas 50 pieds devant eux où, selon toutes attentes, devrait être de la roche massive. Où trouve t’elle la lumière suffisante pour survivre ?
Saphira répondit à cette question en se perchant sur une roche friable distante de quelques pieds vers la droite. Alors qu’elle était perchée, à un moment, elle perdit son équilibre et élargit ses ailes pour se retenir de tomber. Au lieu de frôler Helgrind, le bout de son aile droite traversa la roche et ressorti.
__ Saphira, tu as vu ça !
__ Oui.
Se penchant en avant, Saphira enfonça le bout de son museau dans la roche abrupte et s’arrêta à un ou deux pouces de distance, comme si elle s’attendait à un piège, puis continua à avancer. Ecaille par écaille, la tête de Saphira glissa à l’intérieur de Helgrind, jusqu’à ce qu’Éragon ne voit d’elle plus que son cou, son torse et ses ailes.
__ C’est une illusion ! S’exclama Saphira.
D’un mouvement d’une force considérable, elle laissa l’éperon rocheux et élança le reste de son corps. Cela demandait de la part d’Éragon tout son sang froid pour ne pas couvrir son visage dans une tentative désespérée de se protéger, alors qu’il se précipitait vers le rocher. Un instant plus tard, il regardait le plafond d’une caverne voûtée où se répandait la chaleur rougeoyante du matin. Les écailles de Saphira reflétaient la lumière, lançant sur la roche des milliers de mouchetures d’un bleu changeant. En se retournant, Éragon ne vit aucun mur derrière eux, seulement l’entrée de la caverne et une large vue du paysage au loin. Éragon grimaça. Il n’avait jamais pensé que Galbatorix pouvait cacher le repaire des Ra’zacs grâce à la magie. Quel idiot ! J’ai fait mieux, pensa t’il. Sous-estimer le roi était le meilleur moyen de les amener à la mort.
Roran jura puis dit, « Préviens moi la prochaine fois que tu refais quelque chose comme ça ! »
Éragon se pencha et détacha ses jambes de la selle pour étudier les environs et prévenir d’un quelconque danger. L’entrée de la caverne était un ovale irrégulier, d’environ 50 pieds de haut et 60 de large. De là, l’intérieur s’étendait au double de ces dimensions avant de se finir à une portée d’arc dans un tas d’épaisses dalles de pierre qui s’appuyaient les unes contre les autres dans une confusion d’angles incertains. Un tapis de rayures de poudre grise barbouillait le sol, la preuve que les Lethrblaka s’étaient envolés depuis un long moment, avaient atterri et marchaient. Comme de mystérieux trous de serrures, cinq tunnels assez bas transperçaient les façades de la grotte, ainsi qu’un passage assez large pour recevoir Saphira. Éragon examina les tunnels attentivement, mais ils étaient tout noirs ; ils paraissaient libres, un fait qu’il confirma rapidement avec la portée de son esprit. Étrangement, des murmures saccadés se dispersaient à l’intérieur de Helgrind, suggérant des choses inconnues se précipitant dans le noir et ruisselant sans cesse dans l’eau. La respiration régulière de Saphira qui était amplifiée dans les confins de l’espace vide, s’ajoutait au chœur des murmures.
Le trait le plus caractéristique de la caverne était le mélange d’odeurs qui l’imprégnait. L’odeur de la pierre froide dominait, mais Éragon arrivait à discerner des odeurs d’humidité, de moisissure et quelque chose au loin encore pire : la douceâtre odeur puante de la viande pourrissant.
Défaisant les quelques dernières bandoulières, Éragon balança sa jambe droite pas dessus le dos de Saphira, il s’assit ainsi sur la selle et se prépara à bondir de son dos. Roran dit de même de l’autre côté.
Avant qu’il ne relâche sa prise, Éragon entendit, au milieu de nombreux froissements qui taquinaient son oreille, une mélodie de petits claquements simultanés, comme si quelqu’un avait frappé la roche avec une collection de marteaux. Le son se répéta une demi seconde plus tard. Il regarda en direction du bruit, comme le fit Saphira. Une immense silhouette tordue surgit du passage. Des yeux noirs, gonflés, sans bord. Un bec de sept pieds de long. Des ailes de chauve souris. Le torse nu, sans poils, ridé de muscle. Des griffes pareilles à des pointes de fer. Saphira trébucha, alors qu’elle essayait en vain d’échapper au Lethrblaka. La créature s’écrasa sur le côté droit avec, d’après Éragon, la force et la furie d’une avalanche.
Ce qui arriva exactement après, il ne le sut pas, l’impact le fit chuter à travers l’espace sans même une pensée à moitié formé dans son cerveau embrouillé. Sa fuite aveugle se finit aussi brusquement qu’elle avait commencé, lorsque quelque chose de dure et de plat lui heurta le dos, et le fit roulé sur le sol, se cognant la tête une seconde fois. Cette dernière collision chassa complètement l’air restant des poumons d’Éragon. Assommé, il était allongé sur le côté, haletant et tentant en vain de reprendre un semblant de contrôle sur ses membres.
__ Éragon ! Cria Saphira.
© Traduction du site Eragon-Shur’tugal